SANGANEB REEF

Images de l’exposition à la galerie MEAN, St Nazaire.

du 15 décembre 2018 au 20 janvier 2019.


Texte de Laura Donnet, comissaire du collectif  “L’île d’en face”.

“Sanganeb Reef c’est l’histoire de dix personnes et d’un bateau, Iluna, naviguant en mer Rouge au large du Soudan. Lors de la traversée, le voilier échoue venant percuter le corail de Sanganeb Reef… Entre documentaire et récit(s) fantasmé(s), l’exposition retrace cet événement.
Cette histoire, Clément Vinette décide dix ans plus tard de la faire parler à nouveau. Au travers de témoignages filmés des différents protagonistes, il vient redessiner les contours de ce souvenir pluriel. À cela s’ajoute une nouvelle vision, la sienne, qui vient augmenter le récit. Sur une table centrale sont présentés des moulages d’objets, tels des pièces à conviction. Ces productions facsimilées, objets hybrides, s’inspirent des
descriptions des interviewés et se placent alors dans les failles, les doutes, se jouant des multiples interprétations.
Sanganeb Reef n’a pas la volonté d’être un documentaire factuel d’un naufrage ni d’appuyer la dimension héroïque de l’événement, mais entend constituer une forme narrative propre, constituée par bribes et strates de souvenirs. L’exposition se compose autour de cet incident, cet élément perturbateur. À l’instar de ce qu’Hitchcock nommait le MacGuffin, l’artiste utilise ici les objets rythmant l’aventure, ces preuves flottantes, comme prétextes au développement de son scénario. La narration, constituée en chapitres, s’appuie sur ces objets mystérieux qui servent finalement plus de déclencheurs du récit et dont la véritable nature devient alors accessoire.
Par évocations, superpositions et ajouts de souvenirs, l’exposition met en jeu le processus de mémoire. Est-il possible de trouver une voix commune ? Quelles parts manquantes subsistent ? Le récit de l’un.e n’infléchit-il pas celui de l’autre ? Quelle forme de vérité peut in fine exister ?
Le display présenté offre diverses pistes de lectures qui explorent chacune leur tour le champ de la mémoire personnelle et collective, faisant basculer les faits dans la fiction.”