Lurín

Située dans la banlieue de Lima, la vallée de Lurín était autrefois l’un des trois « greniers agricoles » qui alimentaient la capitale Péruvienne en eau et en vivres. Avec l’installation de nouveaux quartiers résidentiels, la région est aujourd’hui en pleine mutation topographique et démographique. Le fleuve Lurín s’assèche, certains habitants s’adaptent, d’autres s’accrochent à leur activité agricole : Julio natif de la région, a transformé sa parcelle en piscine. Edwin, venu de la forêt amazonienne, continue de travailler dans une petite exploitation de bananes. À eux deux ils incarnent les gestes d’une mutation du travail dans cette vallée qui s’assèche.

Les traces du passé agricole de la région sont aujourd’hui presque effacées. Les espaces publics sont segmentés et les murs sont érigés autour des propriétés de sorte que le regard se confronte à la poussière du sol, aux façades de briques et aux balais des camions de chantier. C’est lorsque l’on monte sur les collines de la vallée que l’on peut se rendre compte du passé fertile de la zone. En hauteur le vert est visible derrière les murs.

Pour échapper au quadrillage de la région et rencontrer les travailleurs de la vallée, le film emprunte les canaux, remonte le fleuve asséché, et se laisse guider par les réseaux d’eaux souterraines. Le récit s’appuie sur une démarche géographique dite « classique » qui décrit d’abord des faits observés aléatoirement, sans postulat de départ ni théorie initiale. Puis, doucement, la poétique des gestes du travail prend l’image. Dans un un montage en split-screen, le film tente de faire émerger les contrastes et analogies entre deux activités liées au fleuve, leurs gestes, leurs outils. D’une part l’agriculture, appartenant au « quasi-passé », et d’autre part, la gestion d’une piscine, qui correspond au « présent » de la situation. Le film est le portrait de ces deux travailleurs, celui aussi d’une transition.